Après son succès au Japon et en Chine le ballet Roméo et Juliette de Jean-Christophe Maillot investi la salle des Princes du Grimaldi Forum du 16 au 19 avril avant de repartir en tournée à Londres et à Paris/Versailles en juin. Une version signée Jean-Christophe Maillot qui tout en revisitant le mythe offre la part belle aux femmes.

Partant de l’idée que tout le monde connaît Roméo et Juliette, Jean-Christophe Maillot a adopté un angle chorégraphique qui évite de paraphraser ce monument littéraire de Shakespeare. Plutôt que de suivre pas à pas la division entre les Capulet et les Montaigu jusqu’à son dénouement tragique, le chorégraphe revisite la pièce suivant un point de vue original : le ballet nous emporte dans l’âme tourmentée de Frère Laurent qui en souhaitant faire le bien provoque finalement la mort des deux amants. Roméo et Juliette de Jean-Christophe Maillot est le flash-back de cet homme d’église désemparé qui se demande à l’issue du drame comment on en est arrivé là. Ce point de départ en dit long sur la sensibilité du chorégraphe qui interprète Roméo et Juliette non pas comme un conflit social ou une lutte clanique régie par un code d’honneur, mais au contraire comme un drame fortuit qui fait périr des jeunes gens plus préoccupés par les jeux de l’amour que ceux de la haine.

 

Roméo et Juliette 2015

 

Ce débordement de la raison a inspiré à Jean-Christophe Maillot une chorégraphie qui perturbe les codes de la danse classique dans ce qu’elle a de plus traditionnel mais qui conserve son élan, son énergie et sa grâce intemporelle. Cette réflexion à l’œuvre dans Roméo et Juliette est une pierre angulaire du répertoire de Jean-Christophe Maillot : un vocabulaire classique avec une syntaxe contemporaine toujours au croisement de plusieurs disciplines artistiques.

 

Les rôles principaux quant à eux sont tenus par des danseuses, faisant dire à Jean-Christophe Maillot que son Roméo et Juliette est avant tout « un ballet de femmes ».

 

Les pères en revanche sont quasiment absents dans cette réécriture où le Prince de Vérone a été supprimé. Mieux, en 1986, lorsqu’il imagine à Tours la première version de son ballet le chorégraphe intitule sa pièce « Juliette et Roméo » indiquant clairement que ce sont les femmes qui tiennent les rênes de cette histoire.

 

Cette narration Jean-Christophe Maillot la rend pertinente grâce à une scénographie épurée, réalisée par Ernest Pignon-Ernest qui débarrasse la danse de ses accessoires inutiles. Ici, pas de fioles, de poison, de couteaux, de balcons fleuris qui feraient basculer Roméo et Juliette dans un film de cape et d’épée. Les seuls accessoires nécessaires au chorégraphe sont nos affects, nos passions, le souvenir entêtant de nos premières amours et une joyeuse petite bande de marionnettes.

 

 

Ballet en 3 actes, d’après William Shakespeare

Chorégraphie: Jean-Christophe Maillot d’après : William Shakespeare

Musique : Sergueï Prokofiev

Scénographie : Ernest Pignon-Ernest

Costumes : Jérôme Kaplan

Lumières : Dominique Drillot

Première représentation le 23 décembre 1996 à l’Opéra de Monte-Carlo

 

Grimaldi Forum du 16 au 18 avril à 20H / 19 avril 16H

Reserv. Grimaldi Forum : 00377 99 99 30 00

www.balletsdemontecarlo.com

www.fnac.com

Article écrit par

Cimiez.com

CIMIEZ.COM vous propose chaque semaine l’actualité du quartier : activités culturelles & associatives, évènements, spectacles, bonnes adresses et portraits de tous ceux qui font de Cimiez un lieu de vie privilégié.