A la fin du XIX° siècle, le quartier Cap de Croix-Rimiez était en dehors de Nice, il n’y avait que quelques fermes et quelques sentiers. Les hivernants y organisaient des pique-niques. Il n’allait pas tarder à attirer la convoitise des hommes d’affaires et des aventuriers de toutes sortes qui à l’époque hantaient Nice …

A son arrivée à Nice, Léa d’Ascot (du moins se fait appeler ainsi) fait sensation par son goût des toilettes extravagantes, ses cigares et ses ballades en ballon. Elle fit la connaissance, d’un certain Gabriel Tripier Lagrange, se faisant passer pour comte. Les voilà mariés.

Ils découvrent à Cap de Croix une magnifique propriété, appartenant à un notable niçois, Maître Desforges, le couple la loue dans de bonnes conditions.

Léa et Gabriel ont beaucoup d’idées pour exploiter les beautés de la propriété : ils créent la « Ferme Bretonne », ferme où, le dimanche, les familles viennent déguster le lait chaud presque au pis de la vache et le fromage blanc à la crème. Mais ce n’est pas suffisant.

Le couple s’associe avec Albert Sénéchal, commerçant parisien, venu à Nice pour y chercher fortune. L’idée est simple : créer un jardin zoologique. Il n’y en a aucun de Toulon à Menton.

Le succès fut inouï, les hivernants, la bourgeoisie niçoise, se bousculaient pour voir de près les ours gris, la panthère, les jaguars, les lions, l’hippopotame, le chameau, les autruches, les singes (macaques, chimpanzés, gorilles), les crocodiles et le lion de mer. Mais, aussi pour contempler la maîtresse des lieux dont la réputation d’originale ne faisait que grandir.

Le comte Tripier Lagrange meurt en 1893 à Singapour où il était allé se fournir en animaux exotiques. Albert Sénéchal crée, la même année la « Compagnie des Tramways de Nice-Cimiez ». Le tram qui roulait à 20 Km/heure au maximum : les voyageurs, dans la côte, devaient descendre pour pousser le tram !! Il fut même surnommé ironiquement par les niçois la « limace à Biasini ».

Mais la chance commença à tourner : le tram fut la première victime, en 1897, Sénéchal déclare forfait. Léa en profite pour lui racheter ses parts du jardin zoologique, la même année, elle achète la propriété. Elle dote le zoo d’un casino et d’un restaurant, véritable frénésie de travaux et de dépenses.

Le vent tourne aussi pour Léa : en 1905, elle est accusée de faux et usage de faux dans une affaire d’argent … Léa est ruinée, elle demande de l’aide à la municipalité qui refuse. Le zoo est déclaré en faillite. La date de la vente est fixée : le 22 novembre 1906. le 19, Léa fait le tour de ses créanciers en leur montrant dans son sac une grosse somme d’argent. Le soir, elle fête la fin de ses ennuis.

Le lendemain, on retrouve Léa morte, une arme de gros calibre près d’elle. Accident, suicide, crime ? La police conclut à l’accident. Mais, certains témoignages laissent penser que Léa s’est suicidée. De plus, la grosse somme, qu’elle promenait la veille, n’était qu’une supercherie.

Le jardin zoologique fut dispersé, les animaux vendus aux enchères : une gazelle fit 35 francs, une otarie 40, les autruches 20 francs. Les panthères et les tigres furent achetés par un cirque. Les lions n’eurent pas de chance, faute d’acquéreur, ils furent abattus. Triste fin …

Source : Supplément n°19 Nice-Quartier « Cap-de-croix Rimiez » février 1999

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