Sur les hauteurs paisibles de Cimiez, à la fin du XIXe siècle, s’écrivent les premières pages d’un domaine qui allait marquer la mémoire niçoise. Tout commence avec Rose Mayer, originaire d’Avignon, qui acquiert en 1881 un terrain agrémenté de modestes bâtisses. Elle y fait construire une maison, tout en conservant les structures existantes, et poursuit ainsi une présence déjà établie sur le boulevard de Cimiez.

 

Trois ans plus tard, en 1884, Marie Julie Louise d’Albigny, épouse d’Henri Langlois, acquiert le terrain au sud. Mariée sous le régime de la séparation des biens, elle réalise en son nom une demeure imposante de deux étages, flanquée à l’ouest d’une vaste terrasse et d’un majestueux escalier à double révolution, ouvrant sur un parc planté d’arbres. Elle la baptise Villa Léo, en hommage à leur fils.

 

Au nord, la Villa Desiderata reste propriété de Jules Langlois, notaire à la réputation entachée par un passé judiciaire. Ce dernier, entouré de son épouse et de ses domestiques, y mène une vie mondaine dont les échos résonnent jusque dans la presse locale. Pourtant, derrière les apparences, une part d’ombre persiste : compromis dans la fameuse affaire Humbert, vaste escroquerie fondée sur un héritage fictif, Jules Langlois est arrêté en 1902 et décède quelques années plus tard à la prison de la Santé.

 

À la mort d’Émile Lebey, nouveau propriétaire de la Villa Léo, sa veuve Marguerite Bayle épouse Clément Adolphe Dejean et entreprend de transformer le domaine. En 1925, naît alors le Pré Catelan, un élégant hôtel-restaurant qui s’impose rapidement comme un haut lieu de la vie sociale niçoise. Le terrain au sud accueille quatre courts de tennis, tandis que la villa plus modeste du numéro 14 se transforme en espace d’accueil et de réception. La demeure entre dans son âge d’or.

 

Le Pré Catelan devient synonyme de raffinement et de fête. On y dîne, on y danse, on y célèbre l’été sur ses terrasses baignées de lumière. La publicité en fait l’éloge comme « le coin de terre et de soleil le plus coquet de Nice ». Orchestres, bals, réceptions mondaines : le lieu rayonne et attire une clientèle fidèle, même si, dès les années 1930, l’évolution du tourisme détourne peu à peu le grand public.

 

Après la Seconde Guerre mondiale, le charme opère toujours. L’établissement reste prisé d’une clientèle aisée. En 1951, Nice-Matin rapporte que des champions de tennis comme Yvon Petra foulent encore ses courts. Mais les temps changent. Le terrain, désormais convoité, est vendu à des promoteurs. En 1965, un permis de construire est délivré.

 

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La Villa Desiderata, la Villa Léo et l’hôtel du Pré Catelan, sont alors remplacés par des immeubles résidentiels, marquant la fin d’un chapitre raffiné de l’histoire de Cimiez, mais laissant le souvenir vivace d’une époque de fêtes et de mondanités.



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