Les collines de Gairaut et de Rimiez, en raison de leur paysage naturel d’une grande beauté, ont joué un rôle fondamental dans l’histoire de la ville de Nice, et ce, depuis l’Antiquité. Indissociables du développement de l’agriculture, elles ont accueilli des cultures traditionnelles méditerranéennes telles que la vigne, l’olivier et le blé, tout en bénéficiant d’une exposition géographique idéale. Leur proximité avec Cimiez, ancienne capitale romaine, a renforcé leur influence sur l’économie et la culture locales, bien que leur rôle ait été quelque peu éclipsé après la chute de Cimiez.
Les collines de Gairaut et Rimiez sont particulièrement liées à l’élément de l’eau. Dès le XVe siècle, Gairaut est mentionné pour sa contribution au système d’adduction d’eau destiné à alimenter la ville haute de Nice. Une source, la « fontaine de Gairaut », acquiert une réputation mystique, perçue comme « miraculeuse » en raison de ses apparitions intermittentes, souvent précédant des événements dramatiques comme des guerres ou des épidémies.
Cette croyance lui confère une dimension sacrée. Cependant, c’est au XIXe siècle, avec la construction du canal de la Vésubie, que l’eau des collines devient un véritable enjeu stratégique, assurant à Nice un approvisionnement fiable et constant. D’une longueur de 32 kilomètres, ce canal transforme l’économie locale, notamment avec l’essor de la floriculture, et l’approvisionnement en eau bénéficie alors d’innovations techniques majeures, telles que l’usine de purification à l’ozone de Nice, fondée par Marius Paul Otto, rendant l’eau des collines renommée pour sa pureté exceptionnelle.
Au-delà de ses implications agricoles et technologiques, l’eau nourrit aussi l’histoire religieuse et culturelle des collines. À Gairaut, l’église Saint-Sauveur, édifiée au XVIIe siècle, devient un lieu de culte dédié à la protection divine contre les dangers maritimes et les incursions des corsaires barbaresques. À Rimiez, le monastère Sainte-Claire, fondé au début du XXe siècle, a longtemps perpétué une longue tradition religieuse à Nice, avec des racines remontant au XVIe siècle, en continuant d’exercer un rôle spirituel vivant.
L’aspect villégiature, enfin, représente une autre facette majeure de l’histoire de ces collines, notamment à partir du XVIe siècle, avec l’émergence de la mode des villas de campagne. Loin du tumulte du centre-ville, Gairaut et Rimiez attirent l’élite niçoise, puis, au cours de la Belle Époque, une clientèle étrangère fortunée. Des villas baroques et des châteaux sont érigés, tels que la villa de Châteauneuf et le château d’Azur, dernier vestige des « folies » architecturales de la Belle Époque niçoise. Ces édifices témoignent non seulement de la richesse et du pouvoir de leurs propriétaires, mais aussi de l’importance croissante de la région comme destination de villégiature.
En somme, Gairaut et Rimiez incarnent une histoire riche, tissée d’agriculture, d’eau, de religion et de villégiature. Ces collines, qui étaient d’abord dédiées à l’exploitation agricole grâce à leurs ressources naturelles, se sont peu à peu transformées en symboles de beauté, de prospérité et de raffinement à Nice. Aujourd’hui, elles restent un témoin vivant de l’évolution de la ville et de sa région, fusionnant patrimoine historique, innovations techniques et culture de luxe.