À quelques pas de Cimiez, le quartier de Carabacel abrite encore aujourd’hui de somptueuses demeures construites à la fin du XIXᵉ siècle. Nichée sur les pentes douces du coteau, la Villa Le Mirage incarne à elle seule ce charme bourgeois et raffiné propre à la Belle Époque niçoise. Son histoire, mêlant art, générosité et mémoire, témoigne de l’esprit d’un temps où Nice attirait artistes et personnalités en quête de lumière et de beauté.
Un écrin Belle Époque entre ville et collines
Accrochée aux pentes du coteau de Carabacel, la Villa Le Mirage domine les toits de Nice avec une élégance intemporelle. Édifiée à l’origine pour la location, cette demeure bourgeoise illustre parfaitement l’art de vivre de la Belle Époque, entre raffinement architectural et douceur de villégiature.
Son implantation épousait la topographie du lieu : deux étages sur rez-de-chaussée s’ouvraient au nord, du côté de l’avenue du Bois, tandis que la façade méridionale, tournée vers le soleil et la mer, s’élevait sur quatre niveaux. Quelques années plus tard, la maison fut agrandie par l’ajout d’une avancée de deux étages, permettant la création d’une vaste terrasse au troisième étage. De là, la vue devait être saisissante : un panorama à 180° sur Nice et la baie des Anges, offrant sans doute à ses habitants le privilège d’admirer les couchers de soleil méditerranéens.

Jeanne Harding, une comédienne en quête de paix
C’est dans ce havre baigné de lumière que Jeanne Harding, ancienne comédienne de renom, choisit de passer les dernières années de sa vie. La villa devint pour elle un refuge élégant et paisible, propice à une existence douce et ordonnée.
Un secrétaire s’occupait de sa correspondance, une cuisinière préparait ses repas, un chauffeur l’accompagnait lors de ses promenades, et une femme de chambre veillait à son confort quotidien — un art de vivre discret, à l’image de sa personnalité.
Un héritage empreint d’humanité et de foi
Le 30 décembre 1933, Jeanne Harding s’éteignit à Nice, sans descendance. Fidèle à sa nature généreuse, elle légua la Villa Le Mirage et son mobilier à sa femme de chambre, Marie Hirigoyen – que certains disaient être aussi sa cousine germaine. L’acte de succession, enregistré par Me Dufour, avoué place Masséna, témoignait d’une transmission simple, sincère et profondément humaine.
Femme de foi, Jeanne Harding fit également don d’une somme d’argent aux évêques de Bayonne et de Nice, ainsi qu’aux Bureaux de Bienfaisance de Nice et de sa commune natale, Mouguerre-Elizabeth. Un ultime geste de générosité et de piété, fidèle à la sensibilité de cette artiste au grand cœur.
Une demeure, une mémoire, une lumière
Ainsi s’achève l’histoire de la Villa Le Mirage, demeure discrète mais pleine d’âme, où une femme de théâtre choisit d’éteindre les feux de la scène pour goûter à la quiétude des collines niçoises.
À Carabacel, comme à Cimiez, chaque villa conserve la trace d’un art de vivre raffiné — celui d’une Nice romantique, culturelle et éternelle, façonnée par la lumière et les destins qui l’ont habitée.

