Valeria Becker s’est passionné pour l’art du portrait après un parcours d’autodidacte, qui l’a conduit de son Allemagne natale en France via l’Italie. L’artiste qui réside et travaille depuis deux ans à Nice convoque sur la toile, l’énergie de la matière et l’énergie du vivant. Une œuvre à la beauté singulière, entre Pop Art et Expressionisme, à découvrir à Cimiez Boulevard à partir du 9 avril…

 

De Prométhée à Dorian Gray, depuis toujours l’homme a cherché à capturer le vivant, à reproduire le souffle de vie. Valeria Becker ne se destinait pas à prendre le pinceau et pourtant aujourd’hui la peinture occupe le plus clair de son temps. Tout commence pour elle dans un village de Saarbrucken à une heure de Strasbourg. Sa scolarité achevée la jeune bachelière prend la poudre d’escampette. Depuis longtemps elle rêve de quitter le pays du stimmung, « il pleuvait tout le temps, difficile de s’épanouir dans ce climat post-apocalyptique. Mon seul vrai bonheur c’était faire du wind surf sur le lac voisin. A 13 ans j’ai lu un livre sur Tahiti, je rêvais d’un lieu sauvage où vivre en harmonie avec la nature » Ses deux valises à la main la voilà partie pour la Ligurie. Un pays de lumière qui a séduit bien des gens du Nord avant elle « Avec mes parents j’y allais en vacances. J’avais un point de chute, un ami qui tenait une école de Wind surf. Pendant deux ans j’ ai joué la California girl sur la plage (rire) ».

 

Valeria consacre ensuite son temps à sa vie de famille et donne naissance à sa fille. Elle reprend sa liberté et décide de partir pour découvrir Ténériffe : elle évolue dans un milieu artistique et découvre la peinture, un art qui ne lui est pas complètement étranger « Mon père était commissaire mais il adorait faire des portraits de nous. Au lycée mes meilleures notes je les ai eu en cours de dessin ». A sortir de sa fugue espagnole Valeria retourne vivre en Italie avec sa fille. Aujourd’hui, elle a posé ses valises sur les collines niçoises, et réside dans une grande maison investi par ses toiles, du garage au salon via son atelier verrière qu’elle partage avec deux inséparables, des perroquets sud-américains et ses chats. Ces toiles y racontent un autre parcours. Le voyage intérieur d’une artiste. Mais ces deux trajectoires sont-elles si différentes ?

 

Valeria Becker Vernissage 2

« Ma vie est celle d’une nomade. Après avoir passé 18 ans en Allemagne, et près de 30 en Italie et Espagne, je me suis posé à Nice, dans une région que j’affectionne particulièrement. Je suis éprise de liberté comme en peinture d’absolu. Pour évoluer on doit se mettre en danger. J’ai conscience d’être une partie d’un tout, de participer à ce cycle énergétique qui nous relie tous. J’ai du d’abord travailler sur moi avant de pouvoir m’exprimer sur la toile ». Son expertise elle l’a d’abord acquise sur le tas, laissant parler l’énergie avec la matière brute « II y a six ans, je rêvais souvent que je peignais des anges. Alors je me suis dit que je devais me remettre à travailler. C’est en Italie que j’ai commencé dans ma cuisine avec les mains comme une enfant sur de grandes toiles au sol ».

 

Ses premières œuvres : l’origine du monde de Courbet, et des femmes en croix qui surprennent son entourage « c’était de l’art brut, sombre, mais une étape cruciale ! » Elle en franchira d’autres, passant du pointillisme aborigène à l’expressionisme abstrait, travaillant comme sous l’effet d’une drogue, laissant son subconscient dirigé sa main. « Quand j’ai voulu représenter l’être humain, je me suis aperçu qu’il m’était impossible de faire l’économie de la technique » Alors malgré la crainte de perdre sa spontanéité, elle finit par rencontrer un professeur d’art plastique qui enseigne par ailleurs à l’école ITECOM Art Design à Cimiez : « André Marzuk, s’est avéré être le guide dont j’avais besoin pour évoluer ». Séduit par sa démesure, son audace, il aidera Valeria, à concilier la liberté de son geste avec la rigueur du portrait.

 

Après les Shaman en transe ou Joe black traversant le Styx une nouvelle tribu de « géants » née de sa palette. Des portraits inspirés par ses proches ou parfois de Kate Moss, égérie aux mille visages. « Aujourd’hui c’est plus pensé et maitrisé mais j’ai préservé cet état d’urgence, en travaillant notamment sous faible lumière » Ainsi quasiment à l’aveugle l’artiste peux se recentrer sur son geste, sur la fluidité du trait, sur ce « flow » si cher aux grapheurs. « Même si j’aimais Dali ou Picasso, je suis parti de zéro j’ai fait mon voyage initiatique. Aujourd’hui je suis plus intéressé par des peintres comme Lucian Freud qui à travers la crudité des corps révèle l’essence de l’être. Je ne sais pas où cela va m’amener mais c’est l’aventure de ma vie ! ».

 

Valeria Becker Vernissage Invitation

 

Une aventure qui a pris un nouveau virage « Longtemps je n’ai peint que pour moi. Depuis peu j’ai envie de partager mon travail et c’est pourquoi j’ai accepté avec enthousiasme cette exposition à Cimiez Boulevard. Après j’espère aller plus loin. Je suis en train de travailler sur une série d’œuvres de grands formats afin de préparer de futures expositions à l’étranger, en commençant par Singapour… sans doute mon côté nomade ! ».

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Cimiez.com

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